|Publications

La bonne gouvernance des entreprises publiques est au cœur des préoccupations du Gouvernement de la République du Bénin. Plusieurs réformes sont intervenues au cours des dernières années dans ce cadre, notamment la loi 2020-20 du 02 septembre 2020 portant création, organisation et fonctionne- ment des entreprises publiques en République du Bénin. Cette Loi a, en ses articles 17 et 53, évoqué le contrôle interne comme un impératif de gestion à prendre en compte par les dirigeants de l'entreprise.

 

Pour qu’une entreprise soit  performante  c'est-à- dire capable de fonctionner de manière efficace et rentable, de survivre, de se développer  et de réagir aux opportunités et aux menaces environnementales, le contrôle interne doit être un levier important à considérer par l'entreprise. Ainsi, pour mieux appréhender le concept et comprendre ses enjeux et les défis qu'il pose aux entreprises publiques au Bénin, il convient de se tourner vers les pratiques internationales de bonne gouvernance. Dans cette perspective, nous parlerons dans cet article des aspects ci-après :

  1. Les objectifs et les enjeux du système de contrôle interne,
  2. Les conditions d'un contrôle interne efficace dans les entreprises publiques au Bénin,
  3. La contribution du contrôle interne à la performance de l'entreprise publique

 

OBJECTIFS ET ENJEUX d'UN SYSTÈME DE CONTRÔLE INTERNE

 

Le contrôle interne est un dispositif de l'entreprise, défini et mis en œuvre sous la responsabilité du Conseil d'Administration.  Il a été défini par un référentiel de contrôle interne appelé « référentiel COSO  », institué par le Committee of Sponsoring Organisation of the Tread way Commission en 1992.

Il  comprend un  ensemble  de moyens, de comportements,  de procédures  et d'actions  adaptés aux  caractéristiques propres de chaque entreprise  qui :     (i) contribue  à la  maîtrise  de ses  activi- tés, à l'efficacité de ses opérations et à l'utilisation efficiente de ses ressources, et  (ii) doit  lui   permettre de  prendre en compte  de manière appropriée  les risques significatifs,  qu'ils soient  opé- rationnels, financiers ou de conformité.

Pour le référentiel COSO, le contrôle interne doit  répondre  à quatre objectifs

  1. un objectif d'efficacité des opérations.
  2. un objectif de fiabilité des in- formations  financières.
  3. un objectif de  respect des instructions et
  4. un objectif de conformité à la loi.

Ces objectifs  peuvent  être définis  ainsi  qu'il suit:

 

  • L’application des instructions et des orientations fixées par le Conseil d'Administration et/ou la Direction Générale

Les instructions et orientations du Conseil d'Administration et/ou de la Direction Générale permettent aux collaborateurs (opérationnels) de comprendre ce qui est attendu d’eux et de connaître  l'étendue de leur liberté d'action.

L'entreprise publique devra communiquer ces instructions et orientations au personnel concerné, en fonction des objectifs assignés à chacun d'entre eux, afin de fournir des orientations sur la façon dont les activités devraient être menées. Ces instructions et orientations doivent être établies en fonction des objectifs poursuivis par l'entreprise et des risques encourus

 

  • La fiabilité des informations financières

Pour obtenir la fiabilité de ses informations financières, l'entreprise publique doit mettre en place des procédures de contrôle interne visant à la bonne prise en compte des opérations qu'elle réalise.

 

  • Le bon fonctionnement des processus internes de la société, notamment ceux concourant à la sauve­ garde de ses actifs

L'ensemble des processus de l'entre- prise est concerné. Leur bon fonctionnement exige que l'entreprise ait établi et  mis en place des normes  ou principes de fonctionnement, ainsi que des indicateurs de suivi

 

  • La conformité aux lois et règlements

Il s'agit des lois et règlements auxquels la société est soumise. Les lois et les règlements en vigueur fixent des normes de comportement que l'entreprise intègre à ses objectifs de conformité. Dans la mesure où il existe un grand nombre de domaines couverts par ces lois et règlements, l'entreprise publique doit disposer d'une organisation lui permettant de connaître tous les textes qui lui sont applicables et de les transcrire dans ses procédures internes

 

CONDITIONS D'UN CONTRÔLE INTERNE EFFICACE DANS LES ENTREPRISES PUBLIQUES AU BÉNIN :

 

La mise en place d'un contrôle interne efficace dans les entre­ prises publiques  implique la définition de procédures et politiques  permettant  d'une part de répondre aux objectifs du contrôle interne, et d'autre part de s'assurer que toutes les composantes du   contrôle   interne ont été prises en compte.

Le dispositif de contrôle interne comprend en effet, selon le référentiel international  COSO, cinq composantes étroitement liées. Bien que ces composantes soient applicables  à toutes  les entreprises, leur mise en œuvre peut être faite de façon différente selon  les caractéristiques de chaque entreprise.

Les  composantes définies  sont les suivantes :   (i) environnement  de contrôle ;

  1. l'évaluation des risques ;
  2. les activités de contrôle,  (iv) l'information et la communication et enfin (v) le pilotage du contrôle.

 

Le  COSO est  donc  un référentiel de contrôle  interne visant à limiter  les tentatives  de fraudes dans les  rapports financiers des entreprises.  En effet,  conformé­ ment aux règles de bonne gou­ vernance, le contrôle interne est l'affaire de tous dans l'entreprise publique, depuis le Conseil d'Ad­ ministration   jusqu'à  l'employé au plus bas de l'échelle.

 

En rapport avec les composantes du contrôle interne, le Conseil d'Administration doit ainsi fixer le cadre d'appétence aux risques de l'entreprise publique. La Direction Générale est ensuite  chargée  de l'exécution de ce cadre d'appétence aux risques.  Et pour  que cela fonctionne,  les activités  et  les opérations de l'entreprise doivent être encadrées  par une  charte de contrôle   interne.  Ainsi, la mise en place d'un contrôle in­ terne permettra de maîtriser les différents risques de l'entreprise clients (défaut  de  paiement), fournisseurs, trésorerie, opérationnel, systèmes d'information, conformité LBC/FT, fraude

 

Une coordination doit exister entre le Conseil d'Administration et la· Direction Générale pour la gestion des risques :   transposi­tion du  cadre d'appétence  aux risques en politique de gestion des  risques ;   moyens  alloués pour la mise en place d'un dis­ positif de management des risques ; exploitation de méthodes et d'outils de gestion des risques (dont la cartographie des risques)   ;  reporting au Conseil d'Administration sur les résultats de la gestion des risques.

 

CONTRIBUTION DU cONTRÔLE INTERNE A LA PERFORMANCE DE L'ENTREPRISE PUBLIQUE :

 

La création d'une entreprise fait l'objet d'un projet à l'intérieur duquel une mission a été dégagée, des objectifs ont été claire­ ment définis, des stratégies ont été élaborées et un plan d'action a  été mis en œuvre. Il convient donc de mettre en place un dis­ positif de  suivi  qui permet  de garantir la qualité de l'entreprise à travers la performance.

Le  Contrôle Interne vise à  s'assurer que les opérations effectuées par les opérationnels sont exécutées   conformément   aux procédures  établies et  validées par  la  Direction   et   le Conseil d'Administration, le cas échéant. Il  est  donc  devenu un élément essentiel  dans l'entreprise,  dans la  mesure où  il  vise l'amélioration  des performances  de l'entreprise par la mise en place des procédures efficientes  et  par  la sauvegarde de son patrimoine. Le Contrôle  Interne  est devenu un dispositif incontournable dans la  mesure des  risques  inhérents à l'activité  de l'entreprise  et à  la conduite des opérations de la façon la  plus efficiente et sécurisée  possible. li s'intéresse aussi à la fiabilité  de l'information  financière compte tenu des importantes irrégularités comptables qui peuvent être glissées et qui peuvent avoir des  conséquences considérables sur la pérennité de l’entreprise.

Ainsi, le dispositif de contrôle interne ne se limite pas seulement à la détection des risques d’erreurs et de fraudes, mails il contribue également à émettre des recommandations dans le but d’améliorer la performance de l’entreprise publique.

 

Partager cette page :